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法國當代藝術大師法比安·梅洛(FABIEN MÉRELLE)筆下的角色經常在一片空白中突然出現,然後下墮、上升、懸浮…… 巨大的火雞、章魚、鹿頭人、下肢突然變成樹幹的人,畫面既像寧靜溫柔的夢境,又像殘酷的惡夢。梅洛擅長以近乎解剖學般的仔細筆法作畫,令人聯想起著名德國文藝復興版畫家 ALBRECHT DURER 的作品,卻是在描繪著超脫世俗的夢幻場景,彷彿夢境、現實、神話、記憶、人和動物的分野,模糊得像一筆化開的水墨痕跡。當中他自己、他的家人在神話般的場景出現,又沒來由地化身成動物,看起來卻又真實得像自然而然地發生。梅洛曾言:「大自然對我言不是普通的地方,而是筆下描繪的演員。」他的目的是揭示世界和大自然的複雜性。
梅洛作品曾於巴黎龐比度中心等美術館展出,亦多次於香港馬凌畫廊展出。香港人可能會記得在 2013 年法國五月節期間,在中環皇后像廣場水池上背部馱著巨型大象的男子雕塑《摩西五書》(PENTATEUQUE)。梅洛畢業於巴黎國立美術學院,2005 年赴西安美術學院深造,開結鑽研中國山水畫,將山水畫觀察自然現象的自由視野,融入西方神話故事,亦將水墨筆法與鉛筆素描結合成只此一家的風格。
今年梅洛在馬凌畫廊的展覽「於島至嶼,地消景散」以一個實際的地方法國奧萊龍島(ÎLE D’OLÉRON)為主角,與他以往以個人生活為主軸的創作截然不同。遊走在展覽中嶙峋的碎石群之間,觀眾恍如走進一個遺址,又像進入了一個漂浮中的夢境,以幻想撫摸著一個半虛半實的地方的輪廓。走近畫作《正午》,可見一隻蜘蛛在畫家的側面浮現,它是一隻跳著意大利塔蘭泰拉舞(TARENTELLA)的蜘蛛,正以記憶和幻想逃離死亡的魔爪。梅洛當初因當地風景優美而經常往返當地,然而近年該島嶼卻因全球暖化而完全淹沒。眼見此情況,梅洛想到為當地留下記錄,卻不是透過拍攝照片,而是沿用他一貫的夢境敘事手法繪畫,並撿拾當地的石塊作畫,為已經消失的一片土地提供一份不在場證據。他在畫作中以幻想為大自然賦予靈魂、以人的身驅模仿動植物的動作,彷彿嘗試在當代重提泛靈信仰,人與非人生命共生共存的方法。畫面的留白除了是表達一種精神及肉體的自由,還在邀請觀眾想像一個人與自然合一、各地島嶼彼此連結的未來。
您的作品融合了中國水墨畫技法和西方神話元素。能談談你繪畫的創作過程嗎?你會先畫草稿還是直接上色?
我學習中國國畫的時間很短暫,用墨的技巧也仍然很基本。不過十九年前在西安美術學院學習的經歷給了我深深的震撼,對我我的繪畫方式依然很深刻。
我十分重視素描,在我的作品中的也越來越突出。素描的鉛筆線的顫動與顏料的暈染融合的效果十分美妙。對我而言,繪畫的每個步驟都至關重要。我需要欣賞創作的每一個階段。創作是一趟旅程,我要享受在紙上所經歷的每一刻,才能對成品感到滿意。這是一個很漫長的過程,從鉛筆開始,然後用筆掃,最後用畫筆。
留白是你作品中重要的元素,引起觀者的想像。你如何決定哪些地方要留白?
我的首先考慮並不是空白,而是必須從當中顯現出來的形象。當這個形象描繪得夠細緻時,就自然能引發觀者去想像形象之外的東西。比如說,當我畫一座島嶼時,我不一定要畫出圍繞它的水域。你的眼睛和大腦比我的藝術技巧強大得多,可以填補這些空白和缺失的部份。
你的作品有夢的特質,人物常常閉著眼睛或低著頭,物體既合比例又不合比例。夢境、惡夢和神話對你來說意味著什麼?
神話是人類為了理解世界而創造的語言。
在科學出現之前,我們需要解釋雷電、風暴和地震的起源,因此我們為萬事萬物賦予一個神。我們藉著無窮的創造力和無限的詩意,創作了關於世界起源的奇幻故事。
從小到大,這些故事一直令我著迷,帶給我深深的喜悅。
這一切都滲透在我的作品中。我從中汲取靈感,繼續延續這些敘事。我知道鹿頭人不存在,但我依然可以在繪畫中賦予它生命。
夢境、惡夢就像錦上添花。這些原材料來自我們的潛意識,一切顛倒錯亂卻又富有深意。每當我遇到一個非常理性的人,告訴我他從未有過我這樣的想像力時,我會請他講述自己最近的一個夢境,通常比我的任何一幅畫都更瘋狂。
你的作品帶有敘事元素,甚至有冒險色彩。你特別喜歡將自己和你的孩子加入您的畫作中。這和你的少年時期有關係嗎?有什麼藝術作品、書籍或電影對你影響深遠?你喜歡奇幻作品嗎?
我的作品是一個平凡人的日常編年史。
我視我自己為研究的對象,但並不是我覺得自己有什麼過人之處,相反是因為我認為我的處境是所有觀眾所能感同身受的,因為我們都是同樣的人,有著相同的情感和本質。
生活雖然看似平淡無奇,其實每一刻都在上演一場場冒險。這個不穩定的世界裡當父親是一個挑戰。我們這一代男性前所未有地投入子女的教育,或許因此我的孩子會出現在我的繪畫和雕塑作品中。這些作品也是我想傳達給女兒和兒子的信息:我們之間的親密關係,我對他們的關注和無盡的愛。
我不肯定我的作品與少年時期有沒有關係,但肯定與我的童年有關。我常常回想過去去探索那些恐懼和遇上的人和事。童年不只有歡樂,當中也有需要去感悟的深義。我觀察我的孩子,並用這些認知描繪他們。
影響我的藝術作品多不勝數,從宋朝的藝術到達文西、林布蘭、哥雅、博斯、布魯盧、卡拉瓦喬等等。當然也包括我的同儕當代藝術家,我很欣賞他們的創造力和膽識。文學方面有但丁的《神曲》、奧維德的《變形記》、雨果的《笑的人》、卡繆的《異鄉人》等,還有漫畫和動漫作品。我很喜歡文學和電影中的奇幻元素,像是《魔戒》系列和宮崎駿的作品。
你的作品以解剖學的方式表現每根頭髮、皮膚和毛孔。對你來說,現實主義和想像有什麼區別?
我認為如果現實主義只服務描述現實,就會走入一個死胡同。現實主義只是一種技巧,一種反映現實的方式,但永遠無法與世界的美麗和複雜性比擬。現實主義對我來說只是一種手段,能帶領觀眾進入另一個世界。我越是精確地呈現一個不可能發生的場景,你就越相信它,我就能成為通往你自己創造的故事的橋樑。我努力讓我的作品成為通往另一個世界、一場白日夢、一種幻想漫遊的窗口。
你今年在馬凌畫廊展出的新系列是以一個真實的地方—奧萊龍島(ÎLE D’OLÉRON)—為背景,強調一個地方的特殊性,這與你之前的作品有些不同。你能告訴我們這個系列的起源嗎?
這個系列的確和之前不一樣。
我描繪著一座注定會消失的島嶼。
這座島嶼和法國大部分海岸面臨著同樣的危機–海平面上升。
我最初前往當地,是因為當地的景色非常美麗。
但是在過去十年間,我見證著這個風景逐漸消失。
樹木、二戰遺留的碉堡都被海水吞噬了。
我試圖透過作品記錄一片即將消失的土地 。
我在清晨時份獨自帶著相機,爬上樹梢,軟軟地倒進沙丘,穿著衣服走進大海。我用手指模仿被海浪擊垮的彎曲松樹的樹桿,我成為了這個風景的一部分。後來回到家中,我用這些圖片重塑了那些清晨的時刻。
在展覽中看到的那些景物,如今已經不復存在了。
忠實地呈現加特索角(POINTE DE GASTEAU)這個地方,是我將它稍稍留住,向它致敬的方式。
香港也是一座島嶼,我喜歡在一片土地上,談論另一片遠在大西洋中的瀕危之地的這個想法。
您記錄並收集了該地區的石頭。您有建立檔案和標本想法嗎?
是的,我也喜歡這個概念,去保留看似微不足道的事物。這些物件都是風景的碎片:經過鹽份風化而變得乾枯的木頭、石塊、千年累積而成的沙、從海灘上撿拾來的赤陶瓷碎片。這些遺跡因成為藝術品而彷彿獲得了緩刑。
某些作品的構圖看起來比以前更加簡潔,有時只有簡單的黑色剪影,就像即興繪畫的水墨畫。這是故意的嗎?
我漸漸發現我最喜歡的展覽都是有節奏感的。如果所有作品都有一樣的強度,用音樂的方式來形容,就是會讓人感到震耳欲聾。有些作品只有簡單的筆觸,而有些則蘊含著數千個細節。我需要為觀眾的觀賞中提供喘息的空間,有時則有更豐富的畫面。這些起伏可以帶來動態,為這些畫作增添一些自由與激情。此外有些作品是我在啟程前往香港前幾天,面對大自然時即興在筆記本上摘取下來的畫面,我很重視這種即興創作的自發性。
你的作品中常常出現大自然的元素,人類與動物和植物之間互動,甚至化身為動物。為什麼你如此頻繁地使用自然為主題?
大自然是我畢生的主題。我自小就對樹木莫名地著迷,我在一片樸實的橡樹和栗子樹林旁邊成長,那些樹木蜿蜒曲折尋找著光明,而我覺得自己就是其中一棵樹苗,我從來沒有覺得植物、人類、動物是不同的,然而人類似乎將自己從中分離出來,將自己移離於這個生命王國外。而我很質疑這種取態,我相信我所有繪畫都是為了對抗這種這遠離人性的步伐。
作品中有一種微妙的平衡,自然既溫柔又殘酷,沉默又喧鬧,是一個詮釋的空間,也是一個逃離語言的世界。你認為大自然是殘酷的還是仁慈的?你對大自然的看法是怎麼樣的?
對我來說自然既不仁慈也不殘酷,它只是存在著,而我們是它的一部分。我所著迷的是生命令人目眩神迷的複雜性。面對人群,或是單單一片無花果葉,我都感到同樣目眩神迷。每個男女、每朵花、每隻鳥,都擁有令人難以置信的複雜性。我所嚮往的,是向這一切致敬,從中汲取力量,欣賞這些令人心悸卻又美麗的事物。
你如何看「萬物有靈」論?您認為想像力與保護自然有關嗎?
這個概念與我個人不謀而合。我一直以來自然而然就會賦予萬物靈魂。當我們想像一棵樹擁有呼吸和個性時,就很難忍心去砍伐它。我家門前有一小片花園,裡面種有幾棵樹木,都是在我搬進來之前就已經種好了。如果由我親自來開發這片空地,或許我會選擇不同的樹種,也可能不會種那麼多棵樹,留出更多空間。但既然樹木已經在那裡了,我著實無法移除它們。我漸漸學會修剪它們,也對它們產生了眷顧之情。我不確定這算不算是在保護大自然,我確實還有許多需要改進的地方,但我絕是大自然的崇拜者。
Vos œuvres combinent à la fois les techniques de la peinture à l’encre chinoise et les éléments de la mythologie occidentale. Pouvez-vous parler du processus de création de vos peintures ? Commencez-vous par un brouillon ou peignez-vous directement ?
Mon apprentissage de la peinture traditionnelle chinoise fut bien trop court et ma façon d’utiliser l’encre reste très basique. Cependant, j’ai été frappé par cette expérience aux beaux arts de Xi’an, il y a maintenant 19 ans. Si bien qu’aujourd’hui ma façon de peindre en est durablement marquée.
J’accorde beaucoup d’importance au crayonné, que je laisse de plus en plus apparaitre. Il apporte des vibrations qui peuvent se marier à merveille avec les lavis. Chaque étape du dessin est pour moi essentiel. J’ai besoin d’apprécier l’image que je crée à chaque moment de son élaboration. C’est un voyage et pour que je puisse me sentir bien avec le résultat, je dois aimer chaque instant vécu sur cette feuille de papier. C’est très long, le crayon d’abord, la plume ensuite, puis le pinceau.
Le vide dans vos œuvres est un élément essentiel qui invite le spectateur à imaginer. Comment décidez-vous les endroits à laisser vides ?
Je ne pense pas au vide en premier, mais à la figure qui doit en émerger. Suffisamment détaillée, elle amène le spectateur à imaginer ce qui n’est pas dans l’oeuvre. Par exemple, lorsque je dessine une ile, je ne suis pas forcé de dessiner l’eau qui l’entoure. Votre regard, votre cerveau, bien plus puissant que mon Art, complétera ce silence, cette absence.
Vos œuvres ont une qualité onirique. Les personnages ont souvent les yeux fermés ou la tête baissée, et les objets sont à la fois proportionnés et disproportionnés. Que signifient pour vous les rêves, les cauchemars, et la mythologie?
La mythologie ce sont les mots que l’Homme a trouvé pour appréhender le monde.
Nous avions besoin d’explications avant la science pour comprendre ce que c’était que l’orage, la tempête ou le sol qui tremble. Alors, nous nous sommes dotés d’un Dieu pour chaque chose. Nous avons élaboré des récits fantastiques sur la genèse du monde avec une inventivité sans borne, une poésie sans limite.
Depuis tout petit, ces histoires me fascinent et me remplissent de joie.
Mon travail est traversé par tout cela. Je m’en inspire pour continuer à inventer, pour poursuivre le récit. Je sais qu’il n’existe pas d’homme a tête de cerf mais rien ne m’empêche de le faire vivre en peinture.
Les rêves, les cauchemars, c’est la cerise sur le gâteau. C’est de la matière brute sortie tout droit de notre inconscient où tout est sans dessus dessous mais pas sans signification. Souvent, lorsque je rencontre quelqu’un de très rationnel et qu’il me dit que jamais il n’aurait les idées que j’ai, je lui demande de me raconter le dernier rêve qu’il a fait…souvent c’est bien plus fou qu’un de mes dessins.
Vos œuvres ont des éléments narratifs, voire une touche d’aventure. Vous aimez particulièrement inclure vous-même et vos enfants dans vos peintures. Est-ce que cela a un rapport avec votre adolescence ? Y a-t-il des œuvres d’art, des livres ou des films qui vous ont particulièrement marqué ? Aimez-vous les œuvres fantastiques ?
Mon travail est la chronique du quotidien d’un homme lambda.
Je suis mon propre objet d’étude. Pas parce que j’estime qu’il y a chez moi quelque chose d’exemplaire. Mais parce que je pense, au contraire, que ma condition d’Homme est partagée par tout ceux qui regardent mes oeuvres. Je suis fais des même émotions, de la même matière.
Si banale qu’elle puisse nous sembler, la vie est une aventure de chaque instant. Être père est un défi dans ce monde si instable. Notre génération d’homme s’implique comme jamais elle ne le fit dans l’éducation de sa progéniture. C’est sans doute pour cela que mes enfants apparaissent dans mes dessins, mes sculptures. Ces oeuvres sont aussi des messages qui sont destinés à mes filles, à mon fils. Je veux leur parler de cette proximité que nous avons, du regard que je leur porte et de mon amour indéfectible.
Je ne sais pas si il y a un rapport à l’adolescence mais de façon certaine à mon enfance. Je suis revenu explorer les peurs, les événements, les gens que j’y ai rencontré. Je sais que l’enfance n’est pas qu’une fête, il y a là, une profondeur à saisir. Je regarde mes enfants et je les décris en sachant cela .
J’ai été marqué par des milliers d’oeuvres, de la dynastie Song, en passant par Léonard de Vinci, Rembrandt ou Goya, Bosch, Brueghel, Caravage . Sans parler du travail de mes contemporains dont j’ai le plaisir d’apprécier la créativité et l’audace. Pour ce qui est des livres, il y a la Divine Comédie de Dante, les métamorphoses d’Ovide, L’Homme qui rit de Victor Hugo, L’étranger de Camus…et bien d’autres si l’ont compte les manga et la bande dessinée. Je raffole du fantastique au cinéma ou en littérature, de la saga du seigneur des Anneaux et de tout l’univers de Miyazaki.
Vos œuvres représentent chaque cheveu, peau et pore de manière anatomique, comme si vous remesuriez la taille des choses. Quelle est la différence pour vous entre le réalisme et l’imagination ?
Je crois que le réalisme quand il ne sert qu’à décrire la réalité est une impasse. Il n’est qu’un tour de force, un reflet du réel qui sera toujours en peine face à la beauté, à la complexité du monde. Le réalisme est un moyen dont je me sers pour vous emmener ailleurs. Plus je représente fidèlement une scène impossible, plus vous y croyais, mieux j’arrive à être ce passeur vers cette histoire que vous, vous allez créer. J’essaye de faire de mes oeuvres, des fenêtres vers un ailleurs, une rêverie, une divagation.
Votre nouvelle série présentée à Kiang Malingue cette année était clairement ancrée dans un lieu réel – l’Île d’Oléron – avec un accent mis sur la spécificité d’un endroit, ce qui est un peu différent de vos travaux précédents. Pouvez-vous nous en dire sur l’origine de cette série ?
Cette série est effectivement différente.
J’y ai décris une île vouée à disparaitre.
Comme une bonne partie des côtes françaises, ce lieu fait face à un défi, la montée des eaux.
J’y suis d’abord allé parce que le panorama était fantastique.
Puis petit à petit, au fil des dix dernières années, j’ai vu le paysage disparaitre.
Les arbres, les bunkers, vestige de la seconde guerre mondiale ont été dévoré par la mer.
Ce travail c’est une tentative de documenter un territoire qui s’échappe..
Seul, tôt le matin, avec mon appareil photo, j’ai grimpé au arbres. Je suis tombé mollement dans les dunes. Je suis rentré habillé dans la mer. Je suis devenu un élément de ce paysage en mimant du bout des doigts les ossements courbes des pins vaincus. Plus tard rentré chez mois, avec cette moisson d’images j’ai recrée ces instants de la naissance du jour.
Tout ces décors que l’on a pu voir dans l’exposition n’existe plus.
Reproduire fidèlement ce lieu, la pointe de Gatseau c’était ma façon de le retenir un peu, de lui rendre hommage beaucoup.
Hong Kong est une île et j’aimais l’idée de parler sur son sol d’une autre terre, en sursis, loin, dans l’océan Atlantique.
Vous avez documenté et collectionné des pierres de la région. Avez-vous l’intention de créer des archives et des spécimens ?
Oui, j’aime l’idée, des reliques. De conserver ces choses qui pourraient paraitre anodine. Ce sont des morceaux de paysage, du bois asséchés par le sel, des pierres , agrégat de sable millénaires, des morceaux de terre cuite glané sur la plage. Des vestiges qui devenue oeuvre gagnent un sursis.
Les compositions de certaines de vos œuvres dans l’exposition semblent plus concises et succinctes qu’auparavant, parfois avec de simples silhouettes noires, comme une peinture à l’encre de Chine peinte spontanément sans esquisse préalable. Est-ce intentionnel ?
J’ai appris au fil du temps, qu’une exposition qui me plait est une exposition rythmé. Si les oeuvres ont toutes la même intensité, cela peut, comme en musique être assourdissant. Certaines images sont juste des gestes, d’autres sont riches de milliers de détails. Parfois je viens chercher des pauses dans le regard du spectateur, d’autre fois je lui donne plus de matière. Ces variations apportent de la nuance et rende au dessin un peu de sa liberté et de sa fougue Et puis, certaines de ces oeuvres ont été prise sur le vif, carnet à la main, face à la Nature quelque jour avant de prendre un avion vers Hong Kong. Je tenais à cette spontanéité.
Les éléments de la nature sont souvent présents dans vos œuvres, avec des interactions entre les humains, les animaux et les plantes, voire des transformations en animaux. Pourquoi utilisez-vous si souvent la nature comme thème ?
Ce sujet est certainement celui qui me portera toute ma vie. J’ai eu dès l’enfance une fascination inexplicable pour les arbres. J’ai grandi à côté d’une modeste forêt de chênes, de châtaignier, tordus, cherchant la lumière. J’ai été l’une de ces pousses. Alors, je crois n’avoir jamais senti que les plantes, les humains, les animaux étaient choses différentes. Cependant nous semblons nous extraire d’elle. Nous placer ailleurs dans le règne du vivant. Ce positionnement me questionne. Je crois que je dessine tout cela pour contrer ce mouvement, ce pas de côté de l’humanité.
Il y a dans vos œuvres un subtil équilibre, où la nature est à la fois douce et cruelle, silencieuse et bruyante, un espace d’interprétation mais aussi un monde qui échappe au langage. Considérez-vous la nature comme cruelle ou bienveillante ? Quelle est votre perception de la nature ?
Pour moi la Nature n’est ni bienveillante, ni cruelle, elle existe et nous en faisons partie. Ce qui me fascine c’est la complexité extraordinaire du vivant. Dans une foule, ou face à une simple feuille de Figuier je suis pris du même vertige. Chaque homme ou femme, chaque fleurs ou chaque oiseau est d’une complexité folle. Ce qui me meut c’est de rendre hommage à tout cela, d’en tirer une force et de contempler cette beauté terrible.
Que pensez-vous du concept d’« animisme », ou de la notion « tout a une âme » ? Pensez-vous que l’imagination est liée à la préservation de la nature ?
Ce concept colle assez bien à l’individu que je suis. Voir une âme en chaque chose, c’est naturellement ce vers quoi j’ai été porté. Et oui, lorsqu’on imagine qu’un arbre porte en soi un souffle, une identité, il est plus difficile de lui ôter la vie. Devant la maison où je vis, il y a un petit jardin, où des arbres avait été planté avant mon arrivée. Sans doute aurez je choisi d’autres essences si j’avais eu ce sol vierge de toute plantation. Sans doute, n’en aurai je pas mis autant pour avoir un peu plus d’espace. Mais ils sont là et il m’est désormais impossible d’en soustraire aucun. Je les taille et j’ai appris à les aimer. Je ne sais pas si cela fait de moi quelqu’un qui préserve la Nature , je peux nettement faire mieux, mais je suis l’un de ses admirateurs
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